Mauritanie : un député antiesclavagiste libéré après cinq mois de prison

Biram Ould Dah Ould Abeid est sorti de prison lundi soir après avoir été condamné à six mois de prison dont deux ferme, une peine qu’il a déjà purgée.

Après cinq mois de détention à la suite d’une plainte déposée par un journaliste, le député d’opposition antiesclavagiste mauritanien Biram Ould Dah Ould Abeid est sorti de prison lundi 31 décembre au soir. Au terme d’un procès devant un tribunal de la capitale, Nouakchott, il a été condamné à six mois de prison dont deux mois ferme, une peine qu’il a déjà purgée, puisqu’il était placé en détention depuis le 7 août.

Un militant de son ONG antiesclavagiste, l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Abdallahi Ould Housseine, avec qui il était en détention préventive et qui était accusé de complicité, a également été condamné à six mois de prison dont deux mois ferme. Le parquet avait requis cinq ans ferme contre M. Ould Abeid et trois ans ferme contre M. Ould Housseine.

Immunité parlementaire

Après le jugement, les deux détenus sont sortis libres de la prison d’Arafat, dans le sud de la capitale, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). « Je n’ai jamais commis de crime. C’est une manigance des services de renseignement, avec la complicité des juges qui sont inféodés au pouvoir politique », a déclaré à la presse M. Ould Abeid, après son procès. Il avait refusé de s’exprimer à la barre, arguant de son immunité parlementaire.

Read more on Le Monde

Démocratie en Afrique: «L’avis positif de la Cédéao sur le Togo est décevant»

Afrique. A-t-elle avancé ou reculé en 2018 ? A l’heure du bilan de cette année, Gilles Yabi nous livre son analyse. Ce chercheur béninois est le fondateur de Wathi, un centre de réflexion sur l’Afrique de l’Ouest, qui est basé à Dakar. En ligne de la capitale sénégalaise, Gilles Yabi répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

Au Togo, les législatives viennent de se tenir, mais en l’absence de l’opposition, qui ne veut pas que le président Faure Gnassingbé se représente en 2020 pour un quatrième mandat. Qu’en pensez-vous ?

Gilles Yabi: Je pense que c’est justement un des cas les plus frappants, et c’est un peu désespérant je dois dire. C’est le seul pays dans l’espace Cédéao, de l’Afrique de l’Ouest, qui n’a pas connu une véritable alternance démocratique. Donc aujourd’hui, c’est assez inquiétant et décevant que la Cédéao en particulier ait donné une sorte d’avis positif sur ces élections législatives, qui à mon sens sont des élections parfaitement inutiles puisqu’elles ne mettent pas fin à la crise. Et on a bien vu les manifestations l’année dernière, on sait que le problème de fond, c’est une véritable alternance au Togo.

Vous parlez de la réaction très timide de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Pensez-vous comme certains que le médiateur guinéen, Alpha Condé, n’est pas très pressé de demander au président Faure Gnassingbé de renoncer à un quatrième mandat, parce que lui-même envisage peut-être de modifier la Constitution de son pays pour briguer un troisième mandat en 2020 ?

On peut sans doute faire cette interprétation, mais je pense qu’aujourd’hui, ce qui se passe, c’est que du côté de la conférence des chefs d’Etat, il n’y a pas nécessairement de véritables défenseurs des principes essentiels pour la Cédéao. Mais aussi du côté de la Commission de la Cédéao, qui essaie de porter des principes de gouvernance et de démocratie, finalement, ce n’est pas très important de défendre les valeurs qui sont inscrites, notamment dans le protocole additionnel sur la démocratie.

Read more on RFI