Les taxis de Yaoundé

Au premier regard, rien – ou pas grand-chose – ne distingue les taxis de Yaoundé des autres taxis d’Afrique de l’Ouest ou d’Afrique centrale. Ils en reprennent d’ailleurs presque tous les codes, à commencer par la traditionnelle couleur jaune – un peu comme à Dakar ou N’Djamena. Quant aux modèles de voitures, leur observation donne à lire la lente histoire du marché automobile en Afrique centrale : aux marques françaises succèdent les Toyota, avec les Corolla en haut du podium des dernières importations – un peu comme à Libreville ou Brazzaville. Les décorations des taxis semblent, elles aussi, faire écho à du « déjà vu ». Quelques taxis arborent sur leur capot une coiffe plastique aux lumières définitivement éteintes, vestige de lampes professionnelles de taxis. A l’extérieur, les pare-chocs portent quelques mots d’ordre ou incantations, dont le fréquent « Prudence » – un peu comme à Abidjan.

A l’intérieur toutefois, un signe distinctif permet de savoir que l’on est au Cameroun : les portraits de Serigne Touba, de cheikhs ou de khalifes généraux que l’on trouverait au Sénégal ont cédé la place au portrait officiel de Paul Biya. Des stickers ronds à son effigie ont largement été distribués et collés à la faveur de l’élection présidentielle de 2018 avec comme slogan : « la force de l’expérience ». Un deuxième élément distingue les taxis de Yaoundé des autres : ils effectuent simultanément des circuits avec transports collectifs (pour quelques centaines de CFA) et des « dépôts » (pour quelques milliers de CFA). Le « dépôt » consiste à conduire le client à l’endroit précis de sa demande. Ce procédé s’avère finalement plus rare que les mobilités par « transport ». Car dans « la ville aux 7 collines », il est impossible de se déplacer sans véhicule, et chaque habitant a su adapter ses stratégies quotidiennes de transport à ses moyens financiers. Dans d’autres pays de la sous-région, il existe au contraire une frontière entre ces deux pratiques ; cette frontière distingue les taxis officiels des « clandos ». Il reste enfin une ultime solution si on ne dispose pas de voiture personnelle : les taxis-motos. Plusieurs d’entre eux sont équipés de parasol pour se protéger du soleil. Raffinement camerounais : ces traditionnels parasols multicolores sont retaillés sur mesure, avec une extension rectangulaire pour protéger le passager assis à l’arrière de la moto.

Read more on Libération Africa4

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.