Le Soudan et l’Algérie reprennent-ils le flambeau du « printemps arabe » ?

Les mouvements populaires qui s’opposent aux régimes algérien et soudanais tranchent avec la régression contre-révolutionnaire que connaît le monde arabe depuis 2011-2012. Dans les deux cas, des pouvoirs bâtis autour d’une charpente militaire ne peuvent prétendre mener eux-mêmes une transition destinée à éliminer leur emprise sur l’État et ses ressources.

Ces derniers mois, les nouvelles en provenance de l’espace arabophone ont été à nouveau dominées par des images de mobilisations populaires rappelant l’onde de choc révolutionnaire qui avait secoué la région en 2011. Des soulèvements se sont enclenchés au Soudan, le 19 décembre 2018, et en Algérie, avec les grandes marches du vendredi 22 février 2019. En une illustration frappante de la théorie des dominos, ils ont ranimé le souvenir de la première phase, massive et pacifique, des bouleversements que connurent, il y a huit ans, six autres pays de la région : la Tunisie, l’Égypte, Bahreïn, le Yémen, la Libye et la Syrie.

Cette fois, cependant, les commentateurs ont manifesté davantage de circonspection, formulant pour la plupart leurs jugements sur un mode interrogatif, à l’instar du titre du présent article. La raison en est l’amère désillusion qui avait suivi l’euphorie du « printemps arabe » de 2011. La répression du soulèvement bahreïni, quelques semaines après son déclenchement, avec la participation des autres monarchies pétrolières du Conseil de coopération du Golfe (CCG), aurait pu faire figure d’exception, compte tenu de la nature très particulière de ce club étatique. Mais, deux ans plus tard, la région dans son ensemble basculait dans une phase de reflux contre-révolutionnaire, avec une nouvelle réaction en chaîne… en sens inverse.

À l’offensive lancée au printemps 2013 en Syrie par M. Bachar Al-Assad avec l’aide de l’Iran et de ses auxiliaires régionaux ont succédé l’instauration d’un ordre musclé sous l’égide des militaires en Égypte, puis le retour d’une partie des hommes de l’ancien pouvoir en Tunisie. Entre-temps, dans ces deux pays, l’élan révolutionnaire initial avait été confisqué par des forces appartenant à la mouvance des Frères musulmans. Enhardis, les reliquats de l’ancien régime en Libye et au Yémen ont noué des alliances opportunistes avec des groupes qui avaient pris le train de la révolution en marche et qui, comme eux, étaient hostiles aux Frères musulmans, afin de tenter (…)

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