Les Yalnas et le problème de l’esclavage au Tchad

Questions à Valerio Colosio qui vient de terminer à l’université du Sussex (Royaume-Uni) une thèse d’anthropologie sur les Yalnas, un groupe stigmatisé au Tchad. Ce doctorat fait partie du projet Shadows of Slavery financé par le European Research Council.

Qui sont les Yalnas dans la région de Guéra au Tchad ?

« Yalnas » est un mot en arabe tchadien qui signifie « les enfants des gens ». Ce mot a été utilisé pour indiquer des groupes des gens dont on ne pouvait pas bien connaitre l’origine. C’est un mot qu’on trouve aussi en dehors du Guéra, en tant qu’insulte, ainsi que comme dénomination de quartiers ou villages. Georges Bruel, décrit un quartier yalnas à Fort Lamy (aujourd’hui oublié), tandis qu’au sud il y a un quartier yalnas à Sarh et un village appelé Yalnasse dans le Logone Oriental. Souvent, les habitants ont oublié l’origine de ces noms. Au Guéra, le lieutenant Derendinger a décrit l’origine du groupe des Yalnas de Melfi dans un petit livre publié en 1918 et récemment réimprimé. Les Yalnas de Melfi lui ont dit d’être des descendants d’anciens captifs des nomades arabes qui ont pris la fuite et se sont regroupés pour négocier un accord de protection : les Arabes ont promis de ne pas les attaquer ; les Yalnas se sont engagés à payer un montant et ramener tous les captifs nouvellement évadés. On n’a pas d’autre histoire détaillée sur d’autres communautés yalnas. L’explication de Derendinger sur les Yalnas comme étant des anciens captifs a été utilisée pour tous les Yalnas, même s’il n’y a pas de documents historiques qui puissent le prouver. Le gouvernement colonial a divisé la population en cantons selon leurs langues dans les années 1920 et trois cantons ont été reconnus comme des cantons yalnas, deux dans la région du Guéra et un dans la région du Salamat. Même si les villages dits de Yalnas étaient éparpillés dans la région, les trois zones principales ont été reconnues en tant que cantons et tous les villages des gens appelées Yalnas ont été mis sous l’autorité de ces chefs de canton. Je n’ai pas entendu parler d’autres cantons yalnas en dehors de ces trois, même si j’ai entendu parler d’autres villages ou quartiers yalnas dans d’autres zones du pays, probablement trop petits pour disposer de leur propre chef de canton. Dans les rapports de Louis Duault, qui a réalisé une collection des rapports coloniaux sur le Guéra entre 1911 et 1935 , les personnes yalnas se distinguent d’autres groupes sédentaires locaux du moment qu’ils parlent l’arabe tchadien – et pas d’autres langues locales – et qu’ils sont musulmans, contrastant avec la plupart des populations locales, qui avaient à l’époque des cultes animistes. Les Yalnas sont décrits comme un groupe situé à moitié entre les nomades arabes, qui parlent l’arabe tchadien et sont musulmans, mais n’acceptent pas la domination coloniale et les autres groupes locaux, appelés à l’époque « kirdi », païens, de religion animiste et parlant une variété des langues locales, moins hostiles au gouvernement colonial, mais aussi moins « civilisés » selon la politique raciale appliquée par le gouvernement colonial. Du moment que les administrateurs français pouvaient plus facilement communiquer en arabe tchadien et cherchaient des alliés entre les groupes musulmans, les Yalnas ont été reconnus et protégés en tant que cantons, considérés une « race » coopérative, mais aussi « civilisée », dans les rapports que j’ai trouvés. En fait, même si « racialisés » par le gouvernement colonial, les Yalnas n’ont pas construit une identité commune entre eux, mais avec le temps ont cherché de développer des identités alternatives. Aujourd’hui les deux vieux cantons yalnas du Guéra ont été renommés et dans le seul canton yalnas existant, dans la région du Salamat, les leaders locaux m’ont expliqué que « Yalnas » est le nom du canton, mais non des gens. Selon eux, il n’y a pas de personnes « yalnas », mais cet ethnonyme a été utilisé dans diffèrent contextes de la zone pour réunir des gens d’origine différentes et pour être reconnus par le gouvernement colonial. Dans ces récits, les premiers chefs des cantons étaient des guerriers qui faisaient la chasse des esclaves pour les envoyer au sultanat du Ouadaï et ont accepté la dénomination « Yalnas » parce que les Français étaient en guerre contre le Ouadaï à l’époque, tandis que le Guéra était déjà sous contrôle français. Donc, les cantons Yalnas seraient composés de descendants des guerriers – ouadaiens ou arabes – qui ont accepté l’autorité des Français avant la capitulation du Ouadaï et ont intégré des gens qui avaient perdu les contacts avec leur groupe originaire. Même si la plupart des autres groupes du Guéra refuse cette explication et affirment que les Yalnas sont des descendants d’esclaves, personne dans le Guéra peut réclamer le statut d’ancien maitre de Yalnas, la seule description du passéétant l’histoire orale collectée par le lieutenant Derindinger au début du XXe siècle. En même temps, les chefs des anciens cantons Yalnas reconnaissent avoir libéré tous les esclaves pendant la période coloniale et avoir perdu leurs traces, donc personne au Guéra ne reconnait une origine servile.

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The Liberated Africans Project has been launched!

The Liberated Africans Project provides historical resources and data related to transatlantic slave trade.

Between 1808 and 1868, officers, primarily from the British navy, captured hundreds of slave ships and brought them into this network of mixed commissions. During the six decades known as the ‘illegal slave trade era’, these international courts liberated upwards of 200,000 people. However, this united effort had a limited impact on the overall suppression of the trans-Atlantic slave trade because an estimated 2.6 million people still crossed the Atlantic in this period with the majority landing in Brazil (1.8 million), followed by Cuba (685,000). According to the treaties, the mixed commissions could condemn a slave ship for re-sale, but the courts could not exact penalties on the owners, captains, and crew, who in many cases returned to the lucrative business on the same ship. Although Great Britain emancipated slaves in their colonies in 1834, most other nations did not abolish slavery in the Americas until much later: this included France and Denmark in 1848, the Netherlands in 1863, the United States in 1865, Cuba in 1886, and Brazil in 1888.

These courts produced extensive documentation about tens of thousands of people victimized by the trans-Atlantic slave trade. These records are scattered in many archives and are written in multiple languages. Each case adjudicated before these courts usually contains information about the condition of enslavement along the coast of West Africa, the events leading up to the seizure of the slave ship, and the judicial process resulting in emancipation. The courts at Sierra Leone (1808-48), Rio de Janeiro (1821-56), Havana (1824-41), and St. Helena (1859-62) produced Registers of Liberated Africans, which were lists of people removed from slave ships. Since 1977, historians have been amassing these data into the ‘African Names Database’, which contains biographical information, along with port and date of embarkation, for over 100,000 so-called ‘Liberated Africans’ after 1808. These records are important for the study of the Atlantic World as well as for an understanding of the demography of the trans-Atlantic slave trade and the impact of abolition.

The need for collaborative research related to the global diaspora of Africans and their descendants is challenging because the documentation is extensive, multilingual and scattered around the world in hundreds of archives, libraries, churches, courthouses, government offices, museums, ports and personal collections. The overall aim of this project is to bring together as much data as possible regarding the transnational links between these international courts and piece together the lives of over 200,000 Liberated Africans from the worldwide collection of sources to open them up for further research and discussion.