Honorer les combattants noirs, nos frères de lutte

La statue inaugurée mardi à Reims par les présidents français et malien a connu un parcours mouvementé. Conçue en 1921 contre la haine visant les «soldats de couleur» dans les territoires allemands occupés après la Grande Guerre, elle fut détruite par les nazis.

L’histoire est en France une chose curieuse, qui vient en permanence interpeller le présent et la politique… Mardi a eu lieu, au cœur de la Champagne, à Reims, une cérémonie d’inauguration du monument aux Héros de l’armée noire en présence des présidents du Mali et de la France. Au-delà de la célébration de la geste de ces combattants noirs dans la guerre de 14-18, c’est en fait, en arrière-plan, une leçon d’histoire que nous offre ce centenaire.

«L’itinérance mémorielle» d’Emmanuel Macron, qui l’a conduit jusqu’à Reims, au pied du monument des Héros de l’armée noire, a été essentielle : elle montre que nous pouvons dorénavant écrire autrement nos histoires communes tout en gardant la fierté de nos histoires singulières. Léopold Sédar Senghor, dans son recueil Hosties noires(1948), évoquait déjà le sacrifice de ces combattants en ces termes : «Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort ; Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang ? […] Vous n’êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur  ; Mais je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France…» Il avait tout dit, mais qui avait prêté l’oreille à l’immense poète de la Négritude dans ce texte écrit il y a soixante-dix ans ?

Un siècle après la Grande Guerre, cette commémoration officielle rend ainsi visible l’engagement des centaines de milliers de combattants africains. Les Comoriens, les Sénégalais, les Congolais, les Somalis, les Guinéens, les Béninois, les Malgaches sont venus combattre aux côtés de la France, et plus de 30 000 d’entre eux sont morts sur les champs de bataille. Mais par un effet de miroir, le monument aux Héros de l’armée noire qui leur est dédié glorifie également les dizaines de milliers d’Africains-Américains, d’Antillais, de Réunionnais, de Guyanais et de Kanaks qui ont sacrifié leur vie pour la nation française.

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« Contestations islamisées : le Sénégal, entre diplomatie d’influence et islam politique » Bakary Sambe

 

 

Bakary Sambe: “Senegal is experiencing the geopolitical paradox of being, at one and the same time, the continuum and sub-Saharan depth of the Arab-Muslim world and a traditional strategic partner of the Western powers. Long penetrated by the ideological trends that fuel political Islam, it remains, for the time being, an “island of stability in an ocean of instability” at the heart of political and security developments in West Africa. In the Sahel where these same Western powers and those of the Arab-Persian Gulf are in search of unrestrained oases of influence. The Islamist political disputes and the old claims for the recognition of the “Arabophonie” of a country-symbol of the “Francophonie” are at the heart of this book exposing the socio-political vulnerabilities of Senegal, often hidden, facing an elite struggle with contradictory socialisations”.

Bakary Sambe provides a detailed analysis of these burning issues in a context where the tense security situation, the rise of extremism and the dangers linked to transnational terrorism paradoxically impose on the “secular” states of the region and elsewhere management of the religious.

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