This introduction is by Professor Charles Bonn, a well-known specialist in Francophone Maghrebian literature, who is renowned not only for his own research and publications but also his work to increase the profile of this literature in academic circles. He has made a major contribution to facilitating research in the area, not just through his development of the comprehensive bibliographical website Limag, Litteratures du Maghreb at http://www.limag.refer.org/.
Charles Bonn, Lectures nouvelles du roman algérien – Essai d’autobiographie intellectuelle, Paris, Classiques Garnier, coll. Bibliothèques francophones, 2016
Résumé de l’ouvrage
Nommé en 1969 professeur à l’Université de Constantine, dans l’enthousiasme des années 68, Charles Bonn y a découvert à la fois un pays où cet enthousiasme avait encore sa place, et une littérature à laquelle il a consacré ensuite toute sa vie de chercheur et d’enseignant dans diverses universités, mais aussi de directeur de nombreuses thèses et auteur de plusieurs livres, ou encore de créateur du site Limag.com, point de départ incontournable de toute recherche sur les littératures du Maghreb. Et cette découverte grandement inattendue lui a permis de réfléchir sa vie durant à la relation entre littérature et politique, littérature et espace, ou littérature et intimité, et d’en modifier sans cesse sa perception.
Ce livre est un peu une « autobiographie intellectuelle », dans laquelle l’auteur examine l’évolution théorique de ses lectures de ces textes, lectures derrière lesquelles on devinera aussi parfois sa découverte du pays lui-même et de sa complexité. Ou encore les relents de l’actualité d’une théorisation du littéraire en plein bouillonnement à l’échelle mondiale, dans ces dernières décennies du XXème siècle. Et il propose en même temps un prisme privilégié pour la définition de la littérarité elle-même, sur laquelle la dynamique d’émergence de ces romans permet des points de vue inattendus. Les concepts de postcolonial, certes, mais plus encore de modernité et de postmodernité, et surtout de tragique ou de roman familial, vont ainsi montrer leur efficacité pour caractériser une relation nouvelle entre littérature et histoire, politique, espace, mais aussi intimité.
« Autobiographie intellectuelle », certes, en ce qu’il est un bilan de l’évolution théorique de son auteur, évolution inséparable de plus de sa relation passionnée avec un pays qu’il n’a pourtant découvert qu’adulte, ce livre veut surtout proposer des repères théoriques aux étudiants de plus en plus nombreux travaillant sur les littératures de la décolonisation, particulièrement à ceux qui y consacrent leur thèse. Plutôt que de respecter une chronologie forcément approximative, les quatre parties du présent livre sont ordonnées en fonction des différents axes, toujours plus ou moins simultanés, des recherches de son auteur durant les trente dernières années. Ils n’incluent pas ce qui a été développé avant 1984, particulièrement dans ses deux thèses, soutenues en 1972 et 1982. Par contre si les approches proposées se veulent les plus actuelles sur le plan théorique, le corpus de romans algériens ou émigrés sur lequel portent ces approches (corpus auquel viennent s’ajouter quelques textes marocains également) est légèrement plus ancien. Il s’agit essentiellement des textes qui sont devenus les grands « classiques » de cette littérature, et sur lesquels portent donc déjà un nombre assez important de travaux universitaires. L’apport de nouvelles approches, si apport il y a, ne peut en effet être visible que sur des textes déjà bien familiers pour tous les chercheurs et lecteurs.
La première partie développe la production de l’Histoire par le roman, et met donc particulièrement en lumière le rapport du roman algérien avec la guerre d’Algérie ou la production d’une identité nationale et, déjà, les limites de cette productivité. La présente partie actualise cette problématique, particulièrement dans son rapport avec la théorie postcoloniale. Et elle ébauche une comparaison, au niveau du sémantisme langagier, entre la mutation fondamentale des mentalités que fut la décolonisation, et celle même du sens des mots que développe dans la tragédie grecque l’invention de la démocratie par les athéniens. Pour rendre compte de cette mutation des mentalités dans des périodes cruciales de l’Histoire, la notion de tragique, contemporaine chez les grecs de leur découverte de la démocratie, va s’avérer particulièrement efficace pour décrire le sémantisme de textes bien plus récents, liés à la décolonisation.
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