L’annonce du retrait d’Abdelaziz Bouteflika avant la fin de son éventuel prochain mandat n’apaise pas la contestation. La France est particulièrement inquiète.
Les manifestations n’y ont rien changé. Malgré ses 82 ans, dont vingt à la tête de l’Algérie, et sa santé chancelante, en raison d’un AVC survenu en 2013, le président Abdelaziz Bouteflika a officialisé sa candidature à un cinquième mandat, le 3 mars. Son directeur l’a déposée à sa place, car le chef de l’Etat ne se déplace plus que pour se faire soigner dans un hôpital de Genève, où il se trouve actuellement. Bouteflika promet, s’il est réélu le 18 avril, de se retirer avant la fin du mandat et d’organiser une élection présidentielle anticipée, dont la date serait fixée à l’issue d’une ” conférence nationale “.
Facteur de fragilité
Les forces obscures qui tiennent le pouvoir à Alger ont donc décidé de braver la contestation populaire, d’une ampleur inédite. Quitte à mettre le pays en danger. Le camp présidentiel agite le spectre de la décennie noire de la guerre civile (1992-2002), voire celui du conflit syrien. Mais l’argument de la stabilité, qui avait déjà servi lors de l’élection présidentielle de 2014, ne tient plus : cette énième candidature d’un président malade devenu fantôme est désormais, en soi, un facteur de fragilité. La situation est à ce point explosive, à l’approche du scrutin du 18 avril, que Xavier Driencourt, l’ambassadeur de France à Alger, a été appelé au Quai d’Orsay, le 27 février dernier, afin d’en rendre compte au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Comme toujours avec son ancienne colonie, Paris s’inquiète mais se montre d’une grande prudence, de peur d’être accusé d’ingérence. ” C’est au peuple algérien et à lui seul qu’il revient de choisir ses dirigeants, de décider de son avenir “, a déclaré Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement.
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