Le Conseil présidentiel pour l’Afrique, outil controversé du « soft power » d’Emmanuel Macron

Le chef de l’Etat s’appuie sur ce cercle hétéroclite pour capter les attentes des nouvelles élites économiques et culturelles du continent.

Quinze mois après sa création, le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), censé incarner le renouveau de la relation entre la France et le continent, reste un objet difficile à cerner. Est-ce pour parer au risque de voir cette structure née de la volonté d’Emmanuel Macron perçue comme une coquille vide ? Cet été, elle a été dotée d’un budget de 100 000 euros, d’un secrétaire général, et un communicant a même été recruté pour rendre son action plus lisible.

Vendredi 30 novembre, dans les locaux de l’Agence française de développement (AFD, partenaire du Monde Afrique), qui l’héberge, le CPA fera son premier bilan. Un an après le discours prononcé par le chef de l’Etat à l’université de Ouagadougou pour livrer sa vision du continent, du rôle de la France et fixer quelques grands engagements. Le conseil y avait imprimé sa patte et il ne manquera certainement pas de le rappeler alors que l’Elysée vient d’annoncer la restitution au Bénin de 26 œuvres d’art accaparées pendant la période coloniale. Le retour du patrimoine spolié à l’Afrique faisait partie des promesses les plus fortes du discours présidentiel.

« Ce sera cash, il n’y aura pas de langue de bois », promet Jules-Armand Aniambossou, le coordonnateur de ce cercle bénévole ramené à neuf membres après le départ de l’avocat français Yves-Justice Djimi « pour des raisons personnelles » et de la Sud-Africaine Nomaza Nongqunga Coupez, qui a rejoint l’équipe chargée de préparer la saison culturelle « Afrique 2020 ».

L’ancien condisciple du chef de l’Etat à l’Ecole nationale d’administration (ENA) sait que leur structure atypique est attendue au tournant. Entre ceux qui se plaignent de ne pas comprendre à quoi elle sert et ceux qu’elle dérange en marchant mine de rien sur leurs plates-bandes, la voie est étroite. Les six pages publiées en guise de rapport d’activité et pompeusement intitulées « Un an d’actions : bilan et perspectives » n’ont fait qu’alimenter la perplexité.

Read more on Le Monde

Arts : premières restitutions d’œuvres d’art au Bénin

Emmanuel Macron a annoncé, vendredi 23 novembre, que 26 œuvres seront rendues.

A l’occasion de la remise du rapport des universitaires Bénédicte Savoy et Felwine Sarr consacré à la restitution à des Etats africains d’objets pris durant la période coloniale, Emmanuel Macron a annoncé, vendredi 23 novembre, sa volonté de restituer « sans tarder » 26 œuvres réclamées par le Bénin. Il s’agit des trois statues des rois d’Abomey, de trônes et portes ornées, œuvres de bois polychromes, et de la statue du dieu Gou, assemblage de pièces de métal d’origine européenne. Emportées en 1892 par le colonel Alfred Amédée Dodds et le capitaine Eugène Fonssagrives après leur victoire sur le roi Béhanzin, elles furent données par eux au musée du Trocadéro à Paris.

D’une évidente importance historique et symbolique pour le Bénin, ces œuvres d’art avaient fait l’objet d’une demande de restitution officielle en 2016, écartée par Jean-Marc Ayrault, alors ministre des affaires étrangères, au nom de l’inaliénabilité des collections nationales. Leur maintien au Musée du quai Branly paraissait néanmoins impossible à plus ou moins long terme.

Cette première restitution suppose des modifications législatives, du type peut-être de celles que propose le rapport. Sur ce point, aucun élément de réponse n’est pour l’instant avancé. De même, aucune réponse n’est faite aux trois autres suggestions de restitution rapide du rapport Savoy-Sarr, ce que l’absence de revendication venue d’un des Etats africains concernés – Mali ou Nigeria – pourrait expliquer.

Plus généralement, l’Elysée veut que s’engage une concertation entre les Etats africains et tous les Etats européens qui furent des puissances coloniales et dont les musées sont aussi riches que celui du quai Branly : l’Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni principalement. Une conférence doit « réunir à Paris au premier trimestre 2019 l’ensemble des partenaires africains et européens », a annoncé l’Elysée, et ce, au nom de « la nécessité d’un travail approfondi avec les autres Etats européens qui conservent des collections de même nature acquises dans des circonstances comparables ».

Read more on Le Monde