Torture en Algérie : le geste historique d’Emmanuel Macron

Le chef de l’Etat reconnaît la responsabilité de l’Etat dans la mort de Maurice Audin, un mathématicien militant de l’indépendance de l’Algérie tué en 1957.

La décision est historique et pourrait être à Emmanuel Macron ce que le Vél’d’Hiv fut à Jacques Chirac. Après plusieurs mois de réflexion, le chef de l’Etat a décidé de reconnaître la responsabilité de l’Etat français dans la mort de Maurice Audin, ce mathématicien communiste, militant de l’indépendance de l’Algérie, arrêté le 11 juin 1957 en pleine bataille d’Alger, torturé par l’armée française et disparu sans laisser de traces.

« Le président de la République a (…) décidé qu’il était temps que la nation accomplisse un travail de vérité sur ce sujet, a annoncé l’Elysée, jeudi 13 septembre. Il reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile. » Emmanuel Macron devait se rendre jeudi à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), afin de rencontrer la veuve de l’universitaire, Josette Audin, aujourd’hui âgée de 87 ans, et l’informer de sa décision.

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Massacre du 17 Octobre 1961: Macron va-t-il reconnaître la responsabilité de la France ?

Les appels se succèdent pour une reconnaissance officielle de la France du massacre du 17 Octobre 1961. Même si les demandes ne sont pas nouvelles, la décision de Macron de reconnaître la responsabilité de l’Etat français dans l’assassinat, en 1957, de Maurice Audin ouvre la porte à un vent d’espoir. A ce propos, et dans un tweet publié hier, à l’occasion de la 57e commémoration des événements du 17 Octobre, qualifiés de «répression violente», le locataire de l’Elysée a appelé «la République à regarder en face ce passé récent et encore brûlant», le massacre des Algériens à Paris. Pour lui, «c’est la condition d’un avenir apaisé avec l’Algérie et avec nos compatriotes d’origine algérienne».

Par ailleurs, le collectif «Orly Devoir de Mémoire du 17 Octobre 1961», constitué d’associations, de militants des droits de l’homme et de partis politiques de la région d’Orly, estime que le temps est venu pour la reconnaissance officielle de cette date dont la mémoire «est aussi bien française qu’algérienne». Dans un appel, à la veille de cette commémoration, le collectif souligne le droit au devoir de mémoire pour «les victimes oubliées du 17 Octobre 1961». Le collectif rappelle que le couvre-feu discriminatoire décrété à leur encontre par le préfet de police de l’époque, Maurice Papon, entraîna leur «réaction pacifique» sous la forme d’une manifestation dans les rues de Paris. «Au soir du mardi 17 octobre 1961, ils furent près de trente mille, hommes, femmes et enfants, à défiler pacifiquement sur les grandes artères de la capitale pour revendiquer le droit à l’égalité et défendre l’indépendance de l’Algérie», a indiqué la même source qui considère que la répression policière est une des pages «les plus sombres» de l’histoire de France.

Longtemps dissimulée à l’opinion et désormais établie par les historiens, elle fut féroce: onze mille arrestations, une centaine d’assassinats, dont de nombreux manifestants noyés dans la Seine, tués par balles, frappés à mort», a encore rappelé ce collectif, appelant l’Etat français à reconnaître ces crimes. Selon les témoignages de survivants et d’anciens policiers français, des Algériens ont été exécutés sommairement par balles, jetés vivants dans la Seine, battus à mort ou pendus aux arbres des bois de Vincennes. L’appel du collectif d’Orly va dans le sens de celui du Collectif du 17 Octobre 1961, qui a demandé «une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des bienfaits de la colonisation, à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à honorer les criminels de l’OAS».

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Published by Moncef Wafi on Le Quotidien d’Oran