POUR UNE FRANCOPHONIE DE L’ACTION

À l’approche du XVIIe Sommet de la Francophonie organisé à Erevan en octobre prochain, Kako Nubukpo et Caroline Roussy dressent un panorama de la situation actuelle de la francophonie – et de son institution, l’OIF – et, en réponse aux questionnements qui en découlent, avancent différentes propositions en vue de (re)dynamiser, réorienter et renforcer la francophonie et appellent à un retour et une réaffirmation de la dimension originelle de la francophonie, la culture.

Replis identitaires, relents xénophobes, attaques racistes, les promesses d’hier d’un monde meilleur se fracassent sur la pierre angulaire des nationalismes : Brexit, America first, fermeture des frontières. Ces réactions de peur, chiffon rouge volontiers agité par les nationalistes, sont susceptibles de gangrener la coopération internationale et le multilatéralisme. Dans ce contexte anémié, la francophonie peut et doit être une chance. Celle-ci réunit 84 États et gouvernements sur cinq continents qui ont la langue française en partage et des valeurs en commun consacrées dans la déclaration de Bamako (novembre 2000). Elle doit, au nom de la fraternité, s’imposer comme un modèle de diversité culturelle (réussie), devenir un espace économique dynamique où l’on fait des affaires, une communauté de destins dans le respect des différences. La francophonie doit également devenir une ambition partagée. D’où la nécessité de transcender la francophonie institutionnelle, de donner le goût de l’avenir francophone aux jeunesses des différents pays, en valorisant de manière non exclusive une construction par le bas et en développant une vision censée redonner du sens à l’action.

Read more

Originally published on Fondation Jean-Jaurès

« La francophonie doit en finir avec la géopolitique et se recentrer sur la langue française »

L’écrivaine Véronique Tadjo déplore le bras de fer qui s’annonce entre le Canada et le Rwanda pour le secrétariat général de l’OIF.

Après le « grand plan » pour la francophonie que le président Emmanuel Macron a énoncé à l’Académie française le 20 mars, on s’attendait à un renouvellement total du paysage. Réformes en profondeur, projets de grande envergure et vision mondiale de la langue française. Hélas, la réalité est tout autre. Sur le territoire français, les coupures budgétaires sont nombreuses dans le monde de la culture francophone. Nous avons encore en tête l’annonce, en févier, de la fermeture du Tarmac, véritable vivier de la création théâtrale francophone en France. Où en est le dossier ?

Dans les pays hors Hexagone, la situation n’est pas meilleure, comme l’atteste une lettre ouverte à Leïla Slimani, écrivaine d’origine marocaine, Prix Goncourt 2016 et représentante personnelle d’Emmanuel Macron pour la francophonie, après la suppression du portefeuille ministériel de la francophonie. Dans cette lettre, des professeurs tirent la sonnette d’alarme face à l’annulation de 60 millions d’euros du programme « Diplomatie culturelle et d’influence » et une baisse de 11 % des subventions des Alliances françaises, tout en réduisant la voilure budgétaire des établissements d’enseignement du français à l’étranger. Pour les signataires, dans de nombreux pays, ces décisions annoncent une dégradation de la qualité des enseignements proposés aux enfants scolarisés dans les écoles françaises, qu’ils soient français ou d’autres nationalités, et certainement une augmentation des frais de scolarité.

Read more

Published on Le Monde