« Dans le pré carré français, la Chine taille des croupières aux entreprises tricolores »

Le partenariat entre l’Hexagone et l’empire du Milieu sur le continent se réduit aux accords d’entreprises en Afrique de l’Ouest, précise notre chroniqueur.

Chronique. Le président chinois Xi Jinping se rendra en France à la fin du mois de mars. Juste après une étape en Italie au cours de laquelle les oreilles du Trésor français devraient siffler : Xi Jinping est en effet sur la même longueur d’onde que Luigui Di Maio lorsqu’il s’agit de critiquer le franc CFA. Mais la méthode chinoise est bien différente de celle du vice-président du Conseil italien. Officiellement, en effet, la Chine n’est pas entrée dans la polémique autour de la monnaie commune africaine héritée de la colonisation française. Elle se garde bien d’émettre un quelconque jugement public alors que, dans le même temps, elle pousse à l’internationalisation de sa propre monnaie, le yuan, qui a déjà cours dans plusieurs Etats africains. Quatorze d’entre eux « souhaitent » même voir le billet rouge devenir une devise de réserve selon Pékin.

Certaines des plus importantes économies du continent comme le Nigeria et l’Afrique du Sud ont déjà signé des accords d’échange de devises avec la Chine et la disparition du franc CFA ne pourrait que servir ses intérêts. Le dossier sera sur la table des entretiens entre le président français, Emmanuel Macron, et son homologue chinois, Xi Jinping. Un dossier dans lequel Pékin est en position de force. Car le mariage à trois entre Paris, Pékin et le continent africain n’a pas tourné à l’avantage de la France.

« Une menace pour l’influence française »

L’Afrique représente aujourd’hui 15 % des investissements de la Chine dans le monde et au moins dix mille entreprises chinoises sont installées sur le continent. Dans le pré carré français, l’empire du Milieu taille des croupières aux entreprises tricolores en Côte d’Ivoire, au Cameroun ou encore en Algérie. Là, sur les 500 milliards de dollars (440 milliards d’euros) d’investissements publics dépensés depuis l’arrivée au pouvoir du président Bouteflika, les sociétés chinoises en auraient capté 80 milliards, soit bien plus que la France.

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Sent by Edouard Bustin

G5 SAHEL : « est-ce raisonnable que le Burkina Faso accepte d’assurer la présidence ? », s’interroge Ablassé Ouédraogo

« Dans le contexte de dégradation catastrophique et effrayante de la sécurité  que vit le Burkina Faso, deux questionnements me taraudent l’esprit et certainement que je ne suis pas seul dans ce cas:

  • Est-ce raisonnable et logique que le Burkina Faso accepte d’assurer la présidence du G5 SAHEL aujourd’hui? Cette responsabilité demande certainement des moyens en ressources humaines, des moyens financiers et matériels et énormément de temps en ce moment précis où c’est ce qui manque le plus à notre pays. Dans ce contexte, il est fort à craindre que le Burkina Faso préside avec peu d’efficacité le G5 SAHEL et ne soit pas en mesure de produire les résultats escomptés. Aussi, n’aurait-il pas été plus sage pour le Président du Faso, de demander à ses pairs d’accepter par solidarité de passer son tour et d’attendre un autre moment plus propice pour assumer cette charge noble et délicate? A chaque chose son temps.
  • Le Burkina Faso vient à peine de renouveler son équipe gouvernementale et trois des ministres en charge des départements concernés par le G5 SAHEL, à savoir la Défense, la Sécurité et l’Economie et les Finances, sont désormais gérés par des nouveaux venus, qui ont besoin de temps pour apprendre et maitriser les contours de leurs responsabilités en interne, avant de pouvoir assumer pleinement leurs responsabilités au niveau du G5 SAHEL. Le Ministre des Affaires Etrangères de son côté connait très bien le G5 SAHEL, mais l’on constate que son activisme et son enthousiasme sont émoussés depuis le début de l’année 2019.
  • Dans la situation de quasi guerre ouverte que vit le Burkina Faso, caractérisée par la recrudescence des attaques terroristes, ayant contraint le gouvernement à déclarer, à compter du 1er janvier 2019, l’état d’urgence dans six (6) régions et quatorze (14) provinces, est-ce raisonnable et logique de continuer à maintenir des troupes dans les opérations de maintien de la paix à l’extérieur du pays, quand le besoin de renforcer les capacités de nos Forces Armées Nationales s’impose. Il est difficile d’honorer des engagements quand les conditions ne s’y prêtent pas.
  • En outre et il faut être pragmatique. Le Burkina Faso, Président du G5 SAHEL, produira une nouvelle situation d’intérêt qui poussera les ennemis de notre Nation à redoubler la pression et éventuellement les représailles contre les populations et l’intégrité du territoire burkinabè.
  • Le G5 SAHEL est une initiative régionale généreuse et pertinente pour la sécurité et le développement durable de la région. C’est pour cela que tous les efforts doivent converger vers la réalisation urgente de ces objectifs que nous partageons. Sachons reculer pour mieux sauter quand cela est nécessaire.

Nous savons tous que «GOUVERNER C’EST PREVOIR» et «PREVOIR C’EST SAVOIR AUSSI ETRE REALISTE». Le moment que nous vivons n’est pas au rêve et le risque est bien réel et grand pour que l’on se pose la question sur l’opportunité pour le Burkina Faso de prendre la Présidence du G5 SAHEL en ce moment précis de  notre histoire.

Que Dieu protège le G5 SAHEL! »

Dr Ablassé OUEDRAOGO- Commandeur de l’Ordre National

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