Centrafrique : échos lointains d’une crise oubliée

Depuis la fin de la mission militaire française Sangaris en 2016, la République centrafricaine (RCA) a largement disparu des médias français. Pourtant, la situation centrafricaine mérite qu’on s’intéresse encore à elle pour ce qu’elle nous dit de la France, de l’Afrique et du monde.

Une paix relative, une gouvernance catastrophique

Un accord de paix, dit « accord de Khartoum », qui consacre l’impunité des seigneurs de guerre et leur confère des postes gouvernementaux, a été signé en février dernier sous l’égide de l’Union africaine, avec la bénédiction de l’ONU et grâce à l’intermédiation secrète de la Russie. Depuis, il règne en RCA une de ces situations de « ni paix ni guerre » qui peuvent durer des années. En échange d’une trêve relative, les groupes armés, qui font officiellement partie du gouvernement institué en mars par le président Faustin-Archange Touadéra, conservent leur mainmise territoriale et économique sur une grande partie du pays, et marchandent pas à pas la mise en œuvre de l’accord de paix. Seul ce dernier point intéresse les acteurs internationaux impliqués dans la gestion du conflit (l’ONU, l’Union africaine, l’UE, la France, les États-Unis et, plus récemment, la Russie), qui font mine d’ignorer la gouvernance catastrophique du pays comme si conflit et gouvernance n’étaient pas étroitement liés.

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Offensive de l’État islamique dans le Sahel, renouveau de la stratégie “Baqiya wal Tatamadad” ?

Le 19 septembre 2019, dans le numéro 200 de son magazine de propagande Al Naaba, l’État islamique (EI) a revendiqué l’attaque sanglante de Koutougou qui a fait 24 morts un mois plus tôt, au sein des forces armées burkinabè. Cette attaque, la plus meurtrière contre l’armée burkinabè depuis l’attaque du camp de Nassoumbou (au cours de laquelle 12 militaires avaient été tués par Ansarul Islam en décembre 2016) révèle un activisme renouvelé de l’EI sur le continent africain depuis la perte de ses bastions territoriaux en avril 2019.

D’un côté, il apparaît que l’EI tente de consolider ses partenariats africains (avec l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) en particulier) et de les multiplier (avec notamment les annonces de la création d’un État Islamique en Afrique centrale, ISCAP). D’un autre côté, la multiplication des attaques et surtout  leur revendication semblent démontrer un renouveau de la stratégie “Baqiya wal Tatamadad” (persistance et diffusion, traduction libre) qui avait permis à l’organisation de survivre à une fin quasi inévitable en Libye en 2014.

Consolider les partenariats africains, ISWAP, EIGS et… ISCAP ?

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