LA MARCHE DU MONDE: La voix Mamadou Dia (1/3)

Personnalité politique de premier plan, Mamadou Dia retrouve la parole dans ce documentaire historique en trois épisodes de Valérie Nivelon.A la proposition du président Senghor de le libérer s’il renonçait à la politique, Mamadou Dia répondait « Je préfère vivre libre en prison plutôt que d’être prisonnier dehors ». Au son de nos archives exclusives, écoutez la voix de Mamadou Dia, premier président du Conseil du Sénégal, de 1957 à 1962, dont l’idéal nationaliste ne souffrait aucun compromis avec la France.

Avec la participation de : – Roland Colin, ancien directeur de cabinet de Mamadou Dia
 Mamadou Diouf, historien de la vie politique et intellectuelle sénégalaise, Professeur à l’Université de Colombia
– Ainsi que le politiste Etienne Smith.

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Côte d’Ivoire : l’obsession de la rechute

Alors que l’échéance présidentielle de 2020 se rapproche en Côte d’Ivoire, la montée des tensions et l’exacerbation des invectives politiques inquiètent.

Ce 7 mars, avant de quitter Abidjan, j’ai acheté huit quotidiens ivoiriens couvrant le spectre des tendances politiques du pays. Dans le quotidien Le Nouveau Réveil, Henri Konan Bédié, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), se félicitait du « mépris » avec lequel les émissaires du président Alassane Ouattara avaient été accueillis en pays baoulé.

Dans le quotidien pro-gouvernemental Fraternité Matin, Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), répondait en accusant le même Bédié d’avoir tenu « des propos haineux, tribalistes et choquants » et de vouloir « créer une ségrégation entre les Baoulés ».

Du côté de Notre Voie, le journal historique du parti de Laurent Gbagbo, le titre était explicite : « Non respect des engagements de campagne en 2010 : Comment Ouattara a berné Bédié et les chefs traditionnels Baoulés ».



Un retour en arrière

En Côte d’Ivoire, il n’y a jamais eu de prétention pour la majorité des journaux à donner une information objective, sans parti pris politique. Les nombreuses années durant lesquelles je séjournais régulièrement en Côte d’Ivoire, dans le cadre de mes missions comme analyste politique, je m’imposais cette routine : lire tous les quotidiens de la presse ivoirienne, reflets des positions, des intentions, des stratégies de chaque camp.

En parcourant les éditions du 7 mars 2019, à quelques heures d’un moment politique important – l’élection d’un nouveau président de l’Assemblée nationale après la démission de Guillaume Soro -, j’eus le sentiment que rien, absolument rien, n’avait changé dans les pratiques politiques du pays. Ni dans celles des médias.

C’EST COMME SI LES POLITIQUES IVOIRIENS S’ÉTAIENT ENTENDUS POUR RÉUNIR DE NOUVEAU LES CONDITIONS NÉCESSAIRES À UNE MONTÉE DES TENSIONS

Ceux qui ont vécu les batailles politiques des années 1994-2000, opposant frontalement Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, ont sans doute, eux, le sentiment d’être revenus plus de vingt ans en arrière. Retour des maux qui ont fait tant de mal à ce pays : ivoirité, accusations et contre-accusations d’exclusion sur la base de l’identité, violences verbales, alliances et ruptures d’alliances politiques accompagnées de mobilisation sur la base ethnique et régionale, instrumentalisation des autorités traditionnelles…

C’est comme si les politiques ivoiriens s’étaient entendus pour réunir de nouveau les conditions nécessaires à une montée des tensions, puis à un recours à la violence en perspective de 2020, année de la prochaine élection présidentielle.

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