« Du Mali à la Côte d’Ivoire, le pari fou de l’impunité pour construire la paix »

Tony Chafer: This thought-provoking article suggests that we need to rethink fundamentally our approach to reconciliation and post-conflict reconstruction in Africa.

Le rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la situation sécuritaire au Mali et les violations de l’accord de paix d’Alger, rendu public jeudi 30 août, fait grand bruit. Les personnes et les groupes armés mis en cause ont commencé à protester de leur innocence. Le gouvernement et les forces armées maliennes, également pointés du doigt, réagiront aussi pour dénoncer les passages qui les desservent.

Le principal message du rapport est que plusieurs acteurs du processus de paix sont impliqués dans des attaques terroristes et/ou d’autres crimes allant du trafic de drogue à celui des armes et des êtres humains. Bref, les experts nous apprennent que beaucoup, parmi les acteurs de la paix qui étaient auparavant les acteurs de la guerre, ne sont pas des gentils. Ce sont même peut-être de vrais méchants capables de soutenir des attaques terroristes.

Ce rapport est le résultat d’un travail de recherche sérieux et difficile dans le contexte particulier du Mali. Comme il l’est en République démocratique du Congo (RDC), où le meurtre atroce de deux experts de l’ONU reste dans toutes les têtes. Le principal apport de ces travaux est de documenter au moins une partie des violations des accords de paix et des crimes divers commis dans le cadre des conflits et de permettre parfois des avancées politiques à la suite de la menace ou de l’application effective de sanctions ciblées.

Dans de rares cas, ces travaux contribuent à la mise en accusation, par la justice locale ou internationale, de quelques-uns des principaux responsables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou d’autres crimes graves. Mais entre la mise en lumière de faits et de responsabilités personnelles et une contribution effective à la paix ou à l’amélioration durable de la sécurité, il y a le petit jeu diplomatique entre grandes et moyennes puissances au sein du Conseil de sécurité, nourri par des calculs qui n’ont parfois qu’un rapport ténu avec la volonté de créer les conditions d’une paix durable.

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« La francophonie doit en finir avec la géopolitique et se recentrer sur la langue française »

L’écrivaine Véronique Tadjo déplore le bras de fer qui s’annonce entre le Canada et le Rwanda pour le secrétariat général de l’OIF.

Après le « grand plan » pour la francophonie que le président Emmanuel Macron a énoncé à l’Académie française le 20 mars, on s’attendait à un renouvellement total du paysage. Réformes en profondeur, projets de grande envergure et vision mondiale de la langue française. Hélas, la réalité est tout autre. Sur le territoire français, les coupures budgétaires sont nombreuses dans le monde de la culture francophone. Nous avons encore en tête l’annonce, en févier, de la fermeture du Tarmac, véritable vivier de la création théâtrale francophone en France. Où en est le dossier ?

Dans les pays hors Hexagone, la situation n’est pas meilleure, comme l’atteste une lettre ouverte à Leïla Slimani, écrivaine d’origine marocaine, Prix Goncourt 2016 et représentante personnelle d’Emmanuel Macron pour la francophonie, après la suppression du portefeuille ministériel de la francophonie. Dans cette lettre, des professeurs tirent la sonnette d’alarme face à l’annulation de 60 millions d’euros du programme « Diplomatie culturelle et d’influence » et une baisse de 11 % des subventions des Alliances françaises, tout en réduisant la voilure budgétaire des établissements d’enseignement du français à l’étranger. Pour les signataires, dans de nombreux pays, ces décisions annoncent une dégradation de la qualité des enseignements proposés aux enfants scolarisés dans les écoles françaises, qu’ils soient français ou d’autres nationalités, et certainement une augmentation des frais de scolarité.

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