L’école des otages de Kayes

Série “L’interprète” #9
Africa4 revient sur la figure de l’interprète, du traducteur. Cet oublié de l’histoire est en réalité à la pointe des contacts entre les sociétés et un acteur essentiel de l’histoire de l’Afrique et de l’océan Indien entre le XIXe siècle et le XXe siècle.

La toute première implantation d’école des otages au Soudan (Mali) est au fort de Médine bâti aux portes de l’actuelle Kayes en 1855 par les troupes de Faidherbe pour constituer une place avancé face à l’empire d’El Hadj Oumar Tall. C’est depuis cette petite emprise que se développe entre les années 1850 et 1880 la présence français dans l’actuel Mali. Selon les travaux de restauration patrimoniale de de 1997, l’école de Médine aurait ouvert ses portes en 1870. Cette école est directement inspirée de l’expérience de Faidherbe à Saint-Louis.

C’est en 1886, avec Galliéni, que se développe réellement le projet d’école des otages au Soudan. Galliéni, qui a gouverné le Soudan deux ans (1886-1888), a incontestablement été le promoteur des écoles au Soudan, dans le cadre de l’administration militaire de ce territoire. Elles constituent à ses yeux un outil de conquête coloniale. Il crée l’école des otages et fils de chefs de Kayes. Il y place notamment les deux enfants de Mamadou Lamine : Mahdi et Abdoul Massar – plus tard envoyés dans un lycée à Paris pour les éloigner du Soudan. A son départ du Soudan en 1888, on compte sept écoles : Kayes, Bakel, Bafoulabé, Kita, Koundou, Bamako et Siguiri. Si Kayes a l’antériorité et le prestige, force est de constater que tous ces établissements fonctionnent sur le même principe d’école des fils de chefs.

Source : Denis Bouche (Cahiers d’études africaines)

Dans son ouvrage Deux campagnes au Soudan français (paru en 1891 chez Hachette), Galliéni brosse une description de l’école de Kayes : les enfants « étaient logés dans une sorte de grand tata, ayant servi autrefois de demeure à Sidi, le chef du village. L’intérieur comprenait un certain nombre de cases en pisé, où on avait installé le logement des enfants et de leurs surveillants, la cuisine et les dépendances diverses. Les élèves s’étaient confectionnés eux-mêmes leur petit mobilier au moyen de caisse à biscuits et de bois hors d’usage qu’on leur avait abandonnés. » Il poursuit la description du quotidien des élèves : en 1888, ils sont une cinquantaine entre 10 et 17 ans, en pantalon arabe bleu, boubou jaune et fèz rouge sur la tête. L’école de Kayes est alors la tête de pointe d’un réseau, encore balbutiant non seulement en quantité mais aussi en qualité : ces écoles ont pour enseignants…. des militaires, qui sont des vétérans des guerres coloniales plus que des instituteurs. A cela s’ajoute la barrière de la langue, pour laquelle la présence d’interprètes reste fondamentale. Les cours dispensés sont le français, la lecture, l’écriture et le calcul. Mais surtout, en dehors des cours, les interprètes surveillent les élèves pour qu’ils ne parlent pas dans une autre langue que le français.

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Rethinking the time and space of resilience beyond the West: an example of the post-colonial border

Dieunedort Wandji

Critical resilience thinking is excessively fixated on resilience as participating in a neoliberal rationality of governance, while being itself shackled to the restrictive assumptions of crisis-oriented and disaster-based understandings of resilient systems. This paper contributes to the literature on the necessity to expand epistemological approaches to resilience thinking. It suggests that, as a silent disruption, the postcolonial border offers an insight into the overlooked complex materiality of resilience. The advocated notion of silent disruption is supported by an empirical examination of the African postcolonial border as a site of contested practices. The focus on disruptions rather than resilient practices weakens the theoretical foundations of the plurality claim advanced within critical resilience scholarship. The paper mainly contends that, by localising and politicising ‘disruption’ from an empirical perspective, we broaden out the concept of resilience to accommodate effective plurality as entangled in the interstice between the historical, the global and the national.

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