Le mariage burlesque: Carnival cross-dressing in the French Caribbean

Anyone in the French Caribbean islands of Martinique or Guadeloupe during the carnival festivities will witness a unique and wonderfully subversive tradition: le mariage burlesque.

As a legacy of the refusal to assimilate into a French model of marriage and family, le mariage burlesque parodies the idealised fiction of a heterosexual nuclear family unit. Each year on lundi gras (the first Monday of the carnival) men and women perform each other’s conjugal role by cross-dressing as their gendered other. So the man masquerades as the (often pregnant) wife and – to a lesser extent – the woman dresses and performs as the husband. The happy couple is followed by a wedding procession and are “married” by a registrar and a priest along the carnival route.

The late Martinican theorist Édouard Glissant described the tradition as a critique of the family structure imposed by the colonising French republic. He wrote:

There is an occasion in Martinique in which men and women both agree to give a performance of their relationship. This is the tradition of the burlesque marriage during carnival, a critique of family structure.

In recent years there have been debates on the traditional role of family in France. A universalist notion prevails – the model of family promoted by the French Republic is made up of a heterosexual couple who live together, whether married or not, with children born of (or adopted by) the two parents.

Controversy around alternative forms of conjugal union, including legislation to enable same-sex marriage, gay adoption and surrogacy, have prompted fierce debates on the continued relevance of this traditional model. And, given that recent changes in legislation apply to France’s overseas territories, these debates have questioned the continued relevance of the French values of marriage and family in Guadeloupe and Martinique.

Family after slavery

French colonial discourse related marriage to “civilisation”. According to this racist logic, the African – who was considered subordinate – was unsuited to marriage. In the French Caribbean, unions between enslaved men and women of the same plantation were encouraged as they would produce another generation of slaves for the profit of the owner. Marriage between slaves (with the permission of their master) became legal from 1664 – but, in reality, the plantation system constrained the development of strong family units which would often be broken up when slaves were sold on to other plantations. This tended to disrupt the pure parent-child line of descendance or “filiation” promoted by the French state.

Following the abolition of slavery in 1848, French policies of assimilation (into la grande famille nationale) reinforced a desire for official marriage among its “daughters”, or les filles, as Guadeloupe and Martinique were disparagingly known. The extended family, in which grandparents, aunts, nannies and godparents are as likely to raise children as mothers, therefore came to signify not only resistance to a dominant social order of family imposed by slave owners, but also its imposition on French Caribbean territories during the aftermath of slavery.

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25th Commemoration of the Rwanda genocide

Series of blog-posts by Colette Braeckman for the 25th commemoration of the Rwanda genocide.

1 Souvenirs du Rwanda, un quart de siècle plus tard

Un quart de siècle, ce n’est rien. Les souvenirs que j’avais gardés du Rwanda sont remontés brusquement. Aussi brûlants qu’au premier jour. En voici le récit.

La lente descente aux enfers

Lorsque je découvris le Rwanda à la fin des années 80, le « pays des milles coopérants » bénéficiait de toutes les indulgences. Le président Habyarimana venait régulièrement partager les prières du château de Laeken et les fidèles se pressaient dans les églises catholiques. En août 1990, le président Habyarimana mesurait cependant la montée des périls. A l’occasion d’une longue interview qu’il m’accorda dans sa villa de Remera, à l’extérieur de la ville, il souligna les difficultés économiques du pays, invoquant le surpeuplement pour exclure toute idée d’un retour des Tutsis réfugiés dans les pays voisins : « vous voyez bien qu’il n’y a pas de place ! ». Me présentant son épouse Agathe il déclara en souriant : « c’est elle le véritable chef ». Commentant la prochaine venue du Pape, il s’interrogea sur le coût que son pays devrait supporter, à tel point que je me permis une plaisanterie de mauvais goût : « un malheur n’arrive jamais seul. »

J’ignorais alors qu’un mois plus tard, le 1er octobre 1990, le Front patriotique rwandais allait déclencher la guerre depuis la frontière ougandaise avec, dans ses rangs, les enfants des exilés tutsis qui avaient grandi dans les camps de réfugiés et dont le retour était obstinément refusé. Grâce au soutien des troupes de Mobutu, grâce à l’intervention de ceux que Jean-Christophe Mitterrand appelait « quelques bidasses »français, l’offensive fut rapidement bloquée et Fred Rwigema, le charismatique commandant en chef des rebelles fut tué sur le front. Pendant que Paul Kagame réorganisait les troupes, les Tutsis, à l’intérieur du pays, étaient pris pour cibles : plus de 10.000 d’entre eux avaient été regroupés dans le stade de Kigali et les assassinats se multipliaient.

Multipartisme oblige, la vie politique était polarisée entre les « modérés » d’un côté et des « Hutu power » extrémistes de l’autre. A l’époque, me rendre au Rwanda était, presque, devenu une obsession. Reportage humanitaire ou de développement, visite ministérielle, halte sur la route du Burundi…C’est que le Rwanda, jusque là si ordonné, donnait peu à peu l’impression de basculer. La « carte postale » se couvrait de lézardes, de zones d’ombre..

Chaque déplacement réservait des surprises. Comme, dans la forêt de Nyungwe, me trouver soudain en face d’une patrouille militaire qui revenait d’exercice. Des commandos surgissaient des fourrés, suants, haletants. Des Européens, Français de toute évidence, le visage noirci au charbon, menaient le train et auraient préféré passer inaperçus. Dans le Bugesera, cette zone aride où, dans les années 60, les Tutsis du Nord du pays avaient été déportés sur la terre sablonneuse, les assassinats se multipliaient mais il fallut qu’une religieuse italienne, Mme Locateli, soit abattue à bout portant pour que l’on mette en cause un commando venu de Kigali à la demande du bourgmestre.

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2 Seul l’accès à toutes les archives éclairera la vraie politique de la France au Rwanda

Voici un an, alors que Louise Mushikiwabo était nommée à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie, on avait pu croire que les relations entre la France et le Rwanda allaient se normaliser et que viendraient l’heure de la vérité, le temps des excuses. Des espoirs prématurés : quoique invité, le président Macron ne viendra pas à Kigali et sera remplacé par Hervé Breville, d’origine rwandaise et militant de LRM. Par contre, à la veille de la commémoration du génocide, il devrait répondre à une demande de plus en plus pressante : l’ouverture des archives de l’Elysée, de la Défense et des Affaires étrangères. Mais qui aura accès à ces précieux documents : des chercheurs triés sur le volet et soigneusement dirigés vers des pistes balisées, ou des historiens travaillant en toute indépendance ?

Seule une ouverture complète permettrait de distinguer le vrai du faux, de savoir si la « main droite » de la France, la politique officielle que rappelle Hubert Védrine défenseur de la mémoire de François Mitterrand, était ou non en phase avec la « main gauche » c’est-à-dire une armée française qui soutenait ouvertement les extrémistes. Les documents de l’époque devraient faire le tri entre les véritables injonctions de l’Elysée ou les « électrons libres » dont parle Védrine et dont Guillaume Ancel nie catégoriquement l’existence « c‘est rigoureusement impossible ».

Nos deux interviews exclusives témoignent de l’âpreté du débat et aussi de la gravité de l’enjeu. En effet, l’ancien secrétaire général de l’Elysée assure que la France politique ne soutenait que la mise en œuvre des accords d’Arusha, soit une solution négociée, et cela afin d’éviter le pire. Pour lui le volet politique et le volet militaire allaient de pair, alors que les faits semblent démontrer le contraire. Si la deuxième hypothèse devait se confirmer, si des militaires agissaient en sens inverse des directives politiques, cela révélerait un sérieux problème de cohérence et de discipline.

Une hypothèse que Guillaume Ancel, officier, ayant participé à l’Opération Turquoise, dément absolument. L’ancien lieutenant colonel est devenu l’un des plus rudes pourfendeurs de la politique des années 90 et il réclame lui aussi l’accès total aux archives, afin que soit connue toute la vérité.

Car in fine, la seule question qui importe est de savoir à quel niveau le gouvernement intérimaire, alors qu’il orchestrait les tueries, disposait encore de soutiens du côté français, et à quel niveau. Il s’agit d’une question à la fois morale et judiciaire, et, à la limite, le temps importe peu : la complicité de génocide est un crime contre l’humanité, reconnu comme imprescriptible.

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3 Pour Hubert Védrine, la France a toujours défendu au Rwanda une solution négociée

Lorsque l’on retourne en arrière, au début des années 90, il apparaît que la France prend le relais de la Belgique, alors que le Rwanda ne présente guère d’intérêt économique ni même stratégique. Hubert Vedrine, qui fut porte-parole puis secrétaire général de l’Elysée a accepté, en exclusivité pour Le Soir, de revenir sur l’engagement, très controversé, de la France au Rwanda de 1990 à 1994.

Q/ Alors que François Mitterrand est l’un des rares, en France, à être informé des problèmes ethniques qui existent au Rwanda et qui ont déjà mené à des massacres, il décide, en 1990, de faire intervenir l’armée française afin de stopper l’offensive du Front patriotique rwandais. Pourquoi cette décision?

R/ Justement parce qu’il mesure aussitôt le risque. Cette décision initiale en 1990, n’est pas fondée sur une relation étroite, à l’instar de celle qui existait avec la Côte d’Ivoire ou le Sénégal. Le Rwanda n’était pas un enjeu économique ou stratégique. Ayant réétudié cette période, j’explique cet engagement par le fait que le Président de Mitterrand avait vécu les années 30 et a toujours réagi vigoureusement aux tentatives de changement de frontière ou d’interventions venues de l’extérieur pour changer un régime par la force. Il y a eu d’autres exemples que le Rwanda : alors que le Tchad était presque complètement passé sous influence libyenne, Mitterrand l’a fait reculer. A propos des Malouines, le président avait tout de suite pris position contre le coup de force argentin et après l’invasion du Koweit il était déterminé à en faire ressortir l’Irak.

Il me semble que Mitterrand a raisonné comme l’aurait fait de Gaulle : si un pays lié à la France, dans cette zone « transversale » de l’Afrique qui va du Sénégal à Djibouti n’est pas capable d’empêcher une « micro minorité » venue d’un pays voisin et appuyée par l’armée d’un pays voisin de déclencher une guerre civile pour prendre le pouvoir par la force (puisque électoralement ce n’était pas possible) et cela malgré la garantie de la France, alors cette garantie ne vaut plus rien. C’est la source vraie de l’engagement français. Il est possible que par la suite, des militaires, des diplomates, aient évoqué Fachoda, mais je ne crois pas que François Mitterrand ait raisonné ainsi, il pensait plutôt en termes de stabilité et de garantie.

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4 Guillaume Ancel: “le premier but de Turquoise était de prendre Kigali”

    “le Rwanda, Tchernobyl de nos interventions extérieures, mais la chape se fissure”

Sorti de Saint Cyr en 1965, spécialiste du guidage des frappes aériennes, « missilier » envoyé au Rwanda en 1994 lors de l’Opération Turquoise, Guillaume Ancel quitte l’armée française avec le rang de lieutenant colonel. Auteur de plusieurs ouvrages dont «Rwanda, la fin du silence» (Editions «Les Belles Lettres») et «Vent sombre sur le lac Kivu».

Q/ Est-il imaginable, dans l’armée française ou ailleurs, qu’après que les politiques aient pris une décision, les militaires fassent le contraire ?

R/ Après vingt ans dans l’armée de l’air, je pense que c’est rigoureusement impossible. Jamais je n’ai vu mes camarades prendre une décision à l’inverse de la décision politique. Cela n’existe pas. Au Rwanda, où la France a été extraordinairement présente depuis 1990 rien n’a pu être fait sans une décision politique. Le général Jean Varret, qui dirigeait la coopération militaire, s’est rendu plusieurs fois au Rwanda avant 94. Au retour, il a signalé à l’Elysée que l’on préparait des gens qui parlaient ouvertement de « solution finale ». L’amiral Lanxade l’a alors démis de ses fonctions en disant il n’avait rien compris à la politique de la France. Le général Quesnot, qui a remplacé Varret, a proposé, lui, une « stratégie indirecte » après avril 1994, un soutien qui n’apparaîtrait pas directement. Mais j’insiste : Quesnot ne peut rien décider, c’est à l’Elysée que cela se passe. Soit c’est le président qui décide, soit c’est son secrétaire général Hubert Védrine. Ce dernier est le directeur exécutif, il pilote les décisions de François Mitterrand et veille à ce qu’elles soient exécutées. Il n’est pas un notaire, un « passe plat ». Sa responsabilité est engagée. Dans la marge d’une note, il a écrit qu’il fallait livrer des armes aux génocidaires et on distingue clairement son paraphe…

Q/ En 1990, qu’est ce qui pousse le président Mitterrand à décider d’une intervention ?

Jusqu’aujourd’hui, on ne comprend pas ce qui a pu motiver l’Elysée à décider à bout de bras de soutenir un régime qui dérivait totalement… Il y a des faisceaux de raisons : le Rwanda se trouve aux frontières de la « Françafrique » zone d’expression francophone, particulièrement lie à la France et qu’il faut préserver face aux Anglais. Le pays est aussi un « porte avion » par rapport aux richesses de l’Est du Zaïre. S’y ajoute une sorte de néo colonialisme car la France se croit encore un peu propriétaire d’une partie de l’Afrique. Sans oublier une sorte de condescendance : on croit qu’on pourra facilement maîtriser ces « extrémistes hutus »… La réalité, c’est que ces derniers n’ont jamais cessé de nous manipuler, c’est eux qui nous « géraient »…

Quel fut le rôle de la DGSE, le service de renseignement extérieur ?

Ce service a remarquablement fait son travail :il a produit plusieurs notes destinées à l’Elysée, selon lesquelles la France risquait d’être accusée de complicité ! Le système d’information n’a pas failli, mais d’autres sources ont du interférer…Je me demande si, puisqu’on s’était fait battre dans tous les conflits insurrectionnels des années 60, un petit groupe de personnes n’a pas voulu démontrer que la France possédait encore la maitrise de la guerre insurrectionnelle…

Alors que les Belges nous avaient conseillé de ne pas intervenir, nous nous sommes précipités avec une arrogance toute française. Je le répète : en France, c’est toujours l’Elysée qui a piloté la politique africaine et à propos du Rwanda, il y avait un blanc seing présidentiel. En plus, il était impossible de se tromper : les extrémistes ont toujours dit clairement que leur objectif était de liquider les Tutsis. Dans les notes de l’Elysée, on parlait du « Tutsiland », de l’armée « tutsi » et non du FPR, des « Khmers noirs », un vocabulaire raciste.

Comment comprendre qu’après le 6 avril la France ait soutenu un groupe d’extrémistes dont l’objectif était de faire exploser les accords d’Arusha ?

Le gouvernement intérimaire, composé uniquement d’extrémistes, été formé le 8 avril dans les locaux de l’ambassade de France. Ces extrémistes ne vont jamais perdre le soutien de la France. Ils seront reçus à l’Elysée, on va leur donner des armes et même après ils seront abrités soutenus, défendus…

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Sent by Edouard Bustin