G5 SAHEL : « est-ce raisonnable que le Burkina Faso accepte d’assurer la présidence ? », s’interroge Ablassé Ouédraogo

« Dans le contexte de dégradation catastrophique et effrayante de la sécurité  que vit le Burkina Faso, deux questionnements me taraudent l’esprit et certainement que je ne suis pas seul dans ce cas:

  • Est-ce raisonnable et logique que le Burkina Faso accepte d’assurer la présidence du G5 SAHEL aujourd’hui? Cette responsabilité demande certainement des moyens en ressources humaines, des moyens financiers et matériels et énormément de temps en ce moment précis où c’est ce qui manque le plus à notre pays. Dans ce contexte, il est fort à craindre que le Burkina Faso préside avec peu d’efficacité le G5 SAHEL et ne soit pas en mesure de produire les résultats escomptés. Aussi, n’aurait-il pas été plus sage pour le Président du Faso, de demander à ses pairs d’accepter par solidarité de passer son tour et d’attendre un autre moment plus propice pour assumer cette charge noble et délicate? A chaque chose son temps.
  • Le Burkina Faso vient à peine de renouveler son équipe gouvernementale et trois des ministres en charge des départements concernés par le G5 SAHEL, à savoir la Défense, la Sécurité et l’Economie et les Finances, sont désormais gérés par des nouveaux venus, qui ont besoin de temps pour apprendre et maitriser les contours de leurs responsabilités en interne, avant de pouvoir assumer pleinement leurs responsabilités au niveau du G5 SAHEL. Le Ministre des Affaires Etrangères de son côté connait très bien le G5 SAHEL, mais l’on constate que son activisme et son enthousiasme sont émoussés depuis le début de l’année 2019.
  • Dans la situation de quasi guerre ouverte que vit le Burkina Faso, caractérisée par la recrudescence des attaques terroristes, ayant contraint le gouvernement à déclarer, à compter du 1er janvier 2019, l’état d’urgence dans six (6) régions et quatorze (14) provinces, est-ce raisonnable et logique de continuer à maintenir des troupes dans les opérations de maintien de la paix à l’extérieur du pays, quand le besoin de renforcer les capacités de nos Forces Armées Nationales s’impose. Il est difficile d’honorer des engagements quand les conditions ne s’y prêtent pas.
  • En outre et il faut être pragmatique. Le Burkina Faso, Président du G5 SAHEL, produira une nouvelle situation d’intérêt qui poussera les ennemis de notre Nation à redoubler la pression et éventuellement les représailles contre les populations et l’intégrité du territoire burkinabè.
  • Le G5 SAHEL est une initiative régionale généreuse et pertinente pour la sécurité et le développement durable de la région. C’est pour cela que tous les efforts doivent converger vers la réalisation urgente de ces objectifs que nous partageons. Sachons reculer pour mieux sauter quand cela est nécessaire.

Nous savons tous que «GOUVERNER C’EST PREVOIR» et «PREVOIR C’EST SAVOIR AUSSI ETRE REALISTE». Le moment que nous vivons n’est pas au rêve et le risque est bien réel et grand pour que l’on se pose la question sur l’opportunité pour le Burkina Faso de prendre la Présidence du G5 SAHEL en ce moment précis de  notre histoire.

Que Dieu protège le G5 SAHEL! »

Dr Ablassé OUEDRAOGO- Commandeur de l’Ordre National

Originally published on ActuBurkina

Le vrai « Docteur No »… est Ghanéen !

En 1962 paraît sur les écrans James Bond contre Docteur No : le premier film de la longue série des aventures de 007, incarné par le célèbre Sean Connery. Il est tiré du roman éponyme de Ian Fleming daté de 1958. Dr No inaugure, pour sa part, la non moins célèbre galerie des « méchants de James Bond » – sans lesquels les films n’auraient aucun intérêt. Dr No est le représentant du SPECTRE : une organisation criminelle internationale contre laquelle lute James Bond. A la fin de l’épisode, Dr No meurt noyé et ébouillanté dans un bassin nucléaire en ébullition – rien que cela ! Fin de l’histoire ? Oui et non.

Ce Dr No est un héros de pellicule ; en revanche, il en est un en chair et en os qui a bien vécu, contemporain du film. En 1965, au Ghana, se tiennent les élections législatives. Un homme ose tenir front à Kwame Nkrumah : le docteur Kofi Abrefa Busia. Kofi Abrefa Busia est un prince de la famille royale de Wenchi, et après une éducation chez les méthodistes puis à Kumasi, a fréquenté l’université de Londres et Oxford où il a soutenu une thèse : « la position du chef de le système politique moderne des Ashanti : une étude de l’influence des changements sociaux contemporains sur les institutions politiques Ashanti ». Il est le premier Africain à être titulaire d’une chaire à l’université du Ghana (alors université de Gold Coast). Dans les années 1950, il se lance en politique à la tête du « Ghana Congress Party » et est élu député. Farouche opposant à Nkrumah, il finit par s’exiler lors de la prise de pouvoir de ce dernier, et devient professeur à l’université de Leiden puis à Oxford. En 1965, il n’en mène pas moins une retentissante campagne pour le « non » à Nkrumah. À côté de sa profession de foi intitulée « NO », il fait imprimer un dessin qui résume son programme en deux lettres:

Read more on Libération Africa4