Béji Caïd Essebsi a demandé au Parlement de se saisir d’un projet de loi réformant le droit successoral, au risque de raviver le conflit entre modernistes et islamistes.
Ils, elles, avaient promis de se dresser à nouveau contre « l’obscurantisme ». Lundi 13 août, à l’heure où la fin de l’après-midi commence à dégarnir les plages, l’avenue Bourguiba, au cœur de Tunis, a renoué avec la chaude ambiance des slogans et des vivats. « Stop the war on women » (« Arrêtez la guerre contre les femmes »), enjoint une pancarte brandie au-dessus des manifestants drapés dans les couleurs tunisiennes. La foule n’est pas massive : au mieux 3 000 manifestants. Mais le cœur y est pour soutenir « l’égalité » dans l’héritage, la grande affaire qui divise en ce moment les Tunisiens.
Quelques heures plus tôt, en son palais de Carthage, au nord de Tunis, le chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi avait officialisé sa position personnelle sur le sujet : la Tunisie doit entrer dans l’âge de l’égalité entre hommes et femmes en matière d’héritage. Lors d’un discours solennel prononcé à l’occasion de la Journée de la femme en Tunisie, il a plaidé pour cette réforme qu’avaient jusque-là défendue en vain les féministes tunisiennes. Et appelé l’Assemblée des représentants du peuple (ARP, le Parlement tunisien) à se saisir sans tarder d’un projet de loi inscrivant cette égalité dans les faits.
Originally published on Le Monde