Semences, intrants, quotas… Depuis dix ans, l’Etat encadre de près l’agriculture pour augmenter les rendements, au risque de fragiliser les paysans les plus pauvres.
Face aux eaux bleutées et paisibles du lac Kivu, les collines sculptées en terrasses paraissent inertes, presque inanimées. Là-haut pourtant, des machines tournent à plein régime. Les sols volcaniques du district de Rutsiro, dans l’ouest du Rwanda, servent à cultiver du café arabica, qui remplira des tasses à Londres ou à New York. « Il y a vingt ans, on ne produisait même pas dix tonnes par an. L’année dernière, on était à 1 500 », se félicite Gervais Kayitare, directeur technique de la coopérative Kopakama, créée en 1998, quatre ans après le génocide des Tutsi qui a fait 800 000 morts selon l’ONU. « A l’époque, toutes les plantations de café avaient été détruites. Il a fallu repartir de zéro. »
Incités par le gouvernement à réunir leurs microparcelles familiales pour augmenter leurs rendements, les 48 petits fermiers qui vivaient auparavant avec moins de 5 euros par mois sont devenus des hommes et des femmes d’affaires. « Nous exportons au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Notre café est labellisé “commerce équitable” et nous visons la certification biologique », ajoute fièrement M. Kayitare.
Originally published on Le Monde Afrique