En 1962 paraît sur les écrans James Bond contre Docteur No : le premier film de la longue série des aventures de 007, incarné par le célèbre Sean Connery. Il est tiré du roman éponyme de Ian Fleming daté de 1958. Dr No inaugure, pour sa part, la non moins célèbre galerie des « méchants de James Bond » – sans lesquels les films n’auraient aucun intérêt. Dr No est le représentant du SPECTRE : une organisation criminelle internationale contre laquelle lute James Bond. A la fin de l’épisode, Dr No meurt noyé et ébouillanté dans un bassin nucléaire en ébullition – rien que cela ! Fin de l’histoire ? Oui et non.
Ce Dr No est un héros de pellicule ; en revanche, il en est un en chair et en os qui a bien vécu, contemporain du film. En 1965, au Ghana, se tiennent les élections législatives. Un homme ose tenir front à Kwame Nkrumah : le docteur Kofi Abrefa Busia. Kofi Abrefa Busia est un prince de la famille royale de Wenchi, et après une éducation chez les méthodistes puis à Kumasi, a fréquenté l’université de Londres et Oxford où il a soutenu une thèse : « la position du chef de le système politique moderne des Ashanti : une étude de l’influence des changements sociaux contemporains sur les institutions politiques Ashanti ». Il est le premier Africain à être titulaire d’une chaire à l’université du Ghana (alors université de Gold Coast). Dans les années 1950, il se lance en politique à la tête du « Ghana Congress Party » et est élu député. Farouche opposant à Nkrumah, il finit par s’exiler lors de la prise de pouvoir de ce dernier, et devient professeur à l’université de Leiden puis à Oxford. En 1965, il n’en mène pas moins une retentissante campagne pour le « non » à Nkrumah. À côté de sa profession de foi intitulée « NO », il fait imprimer un dessin qui résume son programme en deux lettres:
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